Un après-midi dans l'herbe.
Je suis dans le parc champignon qui est sorti de terre juste à côté de chez moi, et qui ne ressemble à rien, d'un point de vue extérieur. Ah si. A un rectangle vert entouré de fils de fer. Mais il fait bon, il fait beau, je n'ai pas envie de faire la sieste à l'appart comme hier, je suis trop pauvre pour aller boire un coup, je n'ai pas assez le moral pour appeler LN ou Tiburce, alors le parc, sa pelouse vallonnée, et son exposition plein sud, c'est exactement ce dont j'avais envie à cet instant précis.
Ainsi que de calme, et de solitude. Ouais, la colocation avec un chat, ça étouffe à la longue. Manque d'intimité, tout ça. Quand je me suis assise il n'y avait personne de ce côté du monde. Le temps de poser ma veste par terre pour m'éviter le défilé dans le quartier avec le cul boueux, et de trouver une connexion wifi, j'étais cerclée de partout.
Un monsieur en costume et brushing qui
dit à son petit garçon non cette fois-ci je ne peux
pas me rouler dans l'herbe;
deux danseurs de
breakdance torse nu qui pensent sûrement m'impressionner avec
leur entraînement alors qu'ayant pris des (trois) cours avec
Mia Frye il m'en faut quand même bien plus qu'une coupole dans
l'herbe et trois salto arrière;
un Asiatique à
Ray-ban qui fume une clope en scrutant l'horizon;
une jeune fille
pieds nus qui se prend littéralement la tête,
et, à moins d'un mètre de mois, deux mères de famille (ou
deux nourrices) et leur sacro-sainte ribambelle de rejetons tous plus
hurlant les uns que les autres.
A moins d'un mètre.
Normal, quoi. Non, ça n'a rien à voir avec une
quelconque volonté de me nuire, je le sais bien, mais tout de
même. Quel culot. Sachant qu'il y a quand même un peu de
la place partout. Et que personne n'étant censé savoir
que je suis en train de bloguer, on pourrait croire que je travaille
durement et qu'il me faut du calme, et de la solitude.
Non?
Oui.
Surtout que je
comptais passer quelques coups de fils, rapport au stage que je
cherche plus ou moins. Je n'arrive pas à téléphoner
en présence d'une tierce personne, je perds tous mes moyens,
et à la maison il y a toujours le chat. Je suis donc venue me
poser ici exprès.
Là, ça me brise carrément tous mes plans sur la comète.
Et je suis trop
polie et délicate pour m'en aller sauvagement et par là-même
signifier mon mécontentement.
C'est cocasse, mon
prénom est dans le titre du livre qu'une d'elles est en train
de dévorer. Je ne peux définivement pas m'en aller
sauvagement et par là-même signifier mon mécontentement.
Tiens, les danseurs
de breakdance ont migré. Ils devaient en avoir marre de se
démener pour rien.
Je
reviens de la Poste, je devais récupérer un colis, et
la gentille fonctionnaire de me dire ah mais Madame vous
êtes déjà venue le chercher le 1er octobre, et
vous l'avez refusé. Moi
de répondre mais non Madame je ne suis pas venue, je
m'en souviendrais tout de même,
et la gentille fonctionnaire de m'assurer que si je suis venue et que
j'ai refusé et que c'est écrit sur l'ordinateur, et moi
de contre-argumenter que non vraiment je ne suis pas folle,
vous savez! et la gentille
fonctionnaire de revenir un quart d'heure après les mains
vides avec un grand sourire m'annoncer qu'elle s'était trompée
de personne, et moi de me demander quid de mon colis, et la gentille
fonctionnaire de repartir farfouiller dans sa remise et de me planter
là 26 minutes (j'ai regardé) et de revenir bredouille
et de vérifier mon adresse et de finalement le trouver sur
l'étagère juste derrière elle. (Et moi d'être
soulagée car je commençais à douter, avec toutes
ces histoires.)
Bon le colis c'est
de la lingerie venue tout droit de ventesprivées.com, le site
que je m'étais jurée de ne plus JAMAIS fréquenter
mais que je n'arrive pas à mettre en spam car j'attends les
promos sur Disneyland.
Je me vois mal
ouvrir le paquet au milieu de la Poste, exhiber tous ces froufrous
devant la populace et finalement décider que non, je refuse ce
colis.
Mais souvent, je me
surprends.
Par exemple, j'ai
reçu pas plus tard qu'il y a quatre heures un sms de Charlize
qui me demande si c'est toujours bon pour la soirée de samedi.
Sûrement, mais laquelle? Vu que la dernière fois qu'on
s'est parlées j'étais passablement avinée (j'ai
même pleuré dans la chambre parce qu'un pote de Tiburce
m'a dit que je sentais le rhum) il se pourrait même que j'ai
parlé d'en faire une chez moi. Que répondre, en
conservant classe et délicatesse?
Bon j'ai un message je l'écoute et je vous dis quoi. (Ca doit être pour un stage.) (Quand cessera-t-on de me harceler ainsi?)
*Musique d'ascenseur*
Truc de fou.
Il y a trois mois,
quand j'ai commencé à me rendre compte que chercher du
boulot avec mon cv avait autant de chance d'aboutir que d'un jour
célébrer mon mariage avec Mathieu Kassovitz, et qu'il
me fallait faire un stage, je l'avais repérée. L'annonce. Elle
mêlait rédactionnel et cinéma – mes deux dadas
– et spécifiait même de l'humour serait un
plus. Elle était faite
pour moi.
J'avais alors
rédigé une lettre de motivation du feu de Dieu, mais
mon pc avait planté au moment de l'envoyer. J'en avais été
si peinée que jamais je ne renouvelai ma demande.
Et là,
semaine dernière, pile le jour où je décide de
ne pas bosser pour Vendredi, je la revois en ligne. La même
annonce, au mot près. Quelle ne fut pas mon hystérie!
Je m'empressai d'y répondre, par deux fois, histoire
d'enfoncer le clou de ma motivation.
Hélas,
aucune réponse ne se fit entendre.
Jusqu'à
aujourd'hui!
Avec Pollock, nous
sommes en crise. Il m'a bien énervée cette fois-ci.
J'en ai pris pour mon grade, il m'a taillé un sacré
short. Tout ça parce que je lui ai raconté qu'à
Valence la chatte de Tiburce se faisait sauter par tous les mâles
non-castrés du quartier et qu'au petit matin elle rentrait
dormir toute la journée pour s'en remettre, avant de remettre
ça le soir.
Moi, je trouve ça
drôle ce genre d'anecdote.
Lui, non.
Je suis donc une
gamine qui a des raisonnements primaires, un humour
pipi-caca et qui ne parle que de sexe.
(C'est vrai.)
Donc j'ai boudé
toute la journée par textos interposés, ce qui n'est
pas si simple. Mais je l'ai tellement saoulé ces derniers
jours parce que je n'avais pas de nouvelles de ce stage que je n'ai
pas pu résister à l'envie de lui faire partager ma
joie. (Et parce qu'il m'a envoyé sache que je t'aime comme
un fou et que tu comptes énormément pour moi. Ce ne
sont pas des excuses en bonne et dûe forme, mais je ne vais pas
faire la difficile.)
Bon, c'est pas tout ça mais je suis ravie car je vais au théâtre ce soir, voir « La vie devant soi ». La pièce dure deux heures, j'espère ne pas m'endormir, avec mes deux heures trente de sommeil dans les pattes.
Bonne soirée!
PS: J'ai appelé Vanina, de chez F. J'ai été pathétique. Mais j'ai un entretien, demain, 16h.